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Le blog de Chonchon
8 novembre 2009

2 pas en avant, 1 pas en arrière...

Ce matin en écoutant les infos, j'apprends avec plaisir qu'Obama a réussi à faire passer sa réforme sur la santé. Satisfaction. Enfin les américains modestes (et bien sûr pauvres) auront-ils (peut-être) une chance d'être soignés correctement. Puis j'apprends à quel prix le texte a été voté. Un amendement interdisant toute prise en charge de l'avortement par les pouvoirs publics. Colère, frustration. Mon premier réflexe a été de me dire "pas étonnant de la part des américains". C'est vrai, le puritanisme, les clubs de lycéens prônant la  chasteté avant le mariage, les manifs anti-avortement sont autant d'images qu'on associe facilement, voire automatiquement, aux Etats-Unis. Ma première réflexion a donc été de me dire "mais pourquoi suis-je surprise, en fait ? C'était prévisible".
Et puis en réfléchissant un peu, j'ai fini par me dire que ce qui n'est pas étonnant de la part du congrès  américain, c'est le fait que l'amendement soit passé, que l'expression de ces relents obscurantistes soit aussi décomplexée, et leur défense par des lobbies aussi efficace.
Car je ne me fais pas d'illusion : le sentiment anti-avortement est à mon sens un des traits les mieux partagés entre les être humains, toutes cultures, religions ou convictions confondues, au même titre que le racisme, le sexisme ou l'homophobie. Par là, je n'entends pas la forme la plus extrême, la plus visible des ces fascismes, qui fédère (heureusement) une grande majorité contre elle, mais plutôt la multitude de formes plus quotidiennes, moins conscientes, et ô combien plus répandues.

D'une manière générale, en Europe (Irlande, Malte, Pologne etc. exclus ; oups, finalement ça fait pas mal, ce qui illustre mon propos), le droit à l'avortement, comme l'abolition de la pein de mort, semble faire l'unanimité, et la levée de boucliers quand on tente de s'y attaquer est telle que les tentatives ne font jamais long feu.

J'étais ainsi tombée de haut, il y a 1 ou 2 ans, à la lecture d'un sondage sur Internet, et des commentaires l'accompagnant. Si la plupart des internautes s'accordaient à défendre le droit à l'avortement, il y avait quasiment toujours un "mais". Mais il faudrait peut-être s'assurer que l'avortement ne remplace pas la contraception, mais il faudrait le réserver à des cas extrêmes (viol), mais tout de même, ma femme est enceinte et je n'arrive pas à concevoir blablabla.

Ah oui, c'est vrai, cocorico pour un pays où la contraception est si bien promue et remboursée que chaque année, des centaines de milliers de naissances étaient au départ non désirées.

Ah oui, c'est vrai, les "pro life" refusent que l'on "assassine" ce qu'ils considèrent comme des être humains à part entière dans la majorité des cas, mais s'ils sont issus d'un viol, c'est différent. Ah bon, alors si c'est exactement pareil de les "tuer" entre 0 et 12 semaines de grossesse qu'au bout de 37, voire à la naissance, comment justifier le "meurtre" d'êtres humains innocents, complètement impuissants quant à la façon , si dramatique soit-elle, dont ils ont été conçus ?

Culturellement, il est donc dans beaucoup de pays politiquement incorrect de remettre l'avortement en question, mais si on analyse les propos de bien des gens, on s'aperçoit que certains principes, comme le droit de la femme à disposer d'elle-même (non seulement de son corps, mais aussi du cours de sa vie, de la trajectoire et du sens qu'elle entend lui donner), ne vont pas tellement de soi, car la femme passe toujours, quelque part, après sa fonction reproductive, et que l'embryon est encore considéré par beaucoup comme étant déjà un bébé, un être humain.

Attention, loin de moi l'idée de critiquer la façon dont chacun vit le désir (éventuel) de parentalité, la grossesse et l'attente de l'arrivée d'un enfant, la posture à adopter face à la survenue d'une grossesse non désirée. Loin de moi l'opinion que toute personne décidant de poursuivre une grossesse non programmée est rétrograde, obscurantiste ou je ne sais quoi d'autre. Je défends juste l'idée qu'un embryon n'est pas une personne, et qu'à ce titre toute femme en ce monde devrait avoir la liberté et les moyens de choisir, réellement choisir, et puisse n'en garder aucune séquelle physique ou psychologique (sans parler du risque de tout simplement y laisser la vie).

Malheureusement, le combat pour le droit à l'avortement fait sûrement partie de ces combats qui vont contre des penchants tellement ancrés dans la nature humaine qu'il ne sera jamais totalement acquis, et qu'il faudra toujours le défendre, ici ou ailleurs...

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Commentaires
C
@ Charlotte : de rien ! C'est en attendant de tomber enceinte de mon 1er que j'ai constaté la pression mise sur les couples par la société ; depuis, je fais très attention à ne pas poser le genre de questions du type "et vous, c'est pour quand ?", parce que c'est indiscret et blessant, que le couple en question n'arrive pas à concevoir ou qu'il n'ait tout simplement pas envie d'avoir d'enfants !
C
Merci, Chonchon ! <br /> <br /> Dans une société qui place la conception d'un enfant au-dessus de toute autre réalisation personnelle, ça me fait toujours plaisir de voir que certaines mamans comblées ont gardé suffisamment de recul pour comprendre que pour certaines femmes, avoir un enfant est absolument non-souhaitable voire nuisible.
C
@ Tonton : pas d'opinion arrêtée ? Je suis d'autant plus contente d'argumenter.<br /> - certes, une mère potentielle (je préfère à "future mère") qui avorte supprime une vie potentielle, mais n'est-ce pas ce qu'on fait avec la contraception ? Ca me rappelle la réflexion géniale d'un collégien à la membre d'un commando anti-avortement venue prêcher devant son collège : "et alors, quand on se masturbe, on fait un génocide ?" :-D. Admettons que je valide ton argument (ce qui n'est pas le cas, sans rancune), pour moi le choix d'une femme ne souhaitant pas avoir d'enfant prime sur la future vie en formation.<br /> - mouais, l'histoire du législateur... dans ce cas ça s'applique à tout, c'est pas un peu anar, ça ? ;-). Plus sérieusement, non, bien sûr qu'il ne contrôle pas la vie des gens, puisqu'il leur laisse le choix. Et là c'est de la pure logique.<br /> Pour terminer, je pense que si chacun pousse son raisonnement jusqu'au bout, il n'y a que deux options :<br /> - on considère que dès la conception, l'embryon est une personne, un être humain, on est donc contre l'avortement, mais on va jusqu'au bout de sa logique : contre l'avortement en cas de viol, de mise en danger de la vie de la mère pour raisons de santé, ou l'interruption médicale de grossesse, qui permet d'interrompre une grossesse lorsqu'il est établi que les handicaps du futur enfant seront trop lourds pour qu'il puisse mener une vie digne, car cela équivaudrait à une euthanasie (et on est contre l'euthanasie, donc) ;<br /> - on considère que l'embryon n'est qu'une association de cellules, certes vivantes, mais au même titre qu'un grain de beauté, voire un mélanome (oui, je vais jusque là ; pour certaines femmes, une grossesse non désirée peut être aussi dévastatrice qu'un cancer ; sinon, pourquoi depuis des siècles, auraient-elles été des milliers à risquer leur vie pour avorter ?), et on n'est pas opposé à l'avortement.<br /> Wala ! Quoi qu'il en soit, merci pour ta contribution !
T
(mode avocat du diable)<br /> <br /> "l'obstination de certains à vouloir contrôler la vie des autres !"<br /> Mmmm... c'est ce que fait une future mère qui avorte, non ? Elle va même plus loin que contrôler : elle supprime la future vie d'un(e) autre.<br /> <br /> Et pour parler des législateurs, en autorisant l'avortement d'une certaine façon ils contrôlent la vie des gens, en choisissant de s'abstenir de le faire. Pas aussi directement que quand ils choisissent d'interdire l'avortement, bien sûr, mais quand même un peu.<br /> <br /> C'est juste pour argumenter un peu, hein. Je n'ai pas d'opinion arrêtée sur cette question.
C
Un gentil mail envoyé par une co-blogueuse m'a donné envie de préciser un peu ma pensée... je sais que tout n'est pas noir ou blanc en ce monde, et qu'on peut croire à l'existence d'un "souffle de vie" dès la conception tout en défendant sans concession le droit à l'avortement... d'ailleurs je ne trouve pas ma position si éloignée de la tienne, chère M. : un embryon possède bien sûr un souffle de vie, puisque son coeur bat, mais de même que nous ne nous posons pas la question pour d'autres cellules de notre corps, ou pour certaines formes de vie dans la nature, pour moi cela n'en fait pas un individu, une personne.<br /> Ensuite, comme je le disais, l'affectif entre énormément en compte sur ce sujet, et je ne juge en aucun cas ce que chacun ressent... juste l'obstination de certains à vouloir contrôler la vie des autres !
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