Une époque formidable
Alors voilà, j'ai commencé à chercher un appartement à louer.
Je savais que les agences immobilières n'attendraient pas particulièrement après moi, vu mon super profil de wineuse dans une société qu'elle est belle et qu'elle aime les gens : récemment séparée, avec deux enfants à charge, travailleuse indépendante pas-encore-tout-à-fait-à-plein-temps-mais-en-train-de-prospecter-je-viens-de-trouver-une-nounou. Oh, ben elle est où la case à cocher ? Ils l'ont oubliée !
Bref. Quand le premier agent m'a appelée suite à un message que je lui avais laissé à propos d'un appart' qui me disait bien, je ne m'étais pas vraiment préparée. Un peu décontenancée par la soudaineté et l'enchaînement des questions "vous êtes seule ou en couple ?" ; "vous êtes en CDI ?" ; "vous gagnez combien ?", j'ai naïvement répondu... la vérité.
Le type à l'autre bout du fil est tout de suite devenu beaucoup moins aimable et m'a répondu : "ah madame, je vais voir avec le propriétaire, mais votre dossier ne va pas être facile à faire passer". Je n'ai donc pas été très étonnée en constatant que contrairement à sa promesse, il ne me rappelait pas pour me "tenir au courant".
Passé le gros coup de blues je-me-suis-fait-avoir-comme-une-bleue-je-trouverai-jamais-rien, je me suis mise dans l'état d'esprit je-vais-tous-les-bouffer-c'est-moi-la-cliente-nan-mais-oh ! (ok, j'arrête avec mes traits d'union). Je ne me suis pas particulièrement mise à mentir, mais disons que... je n'entre plus dans les détails. Je ne parle pas des enfants et je donne direct mes futurs revenus de temps plein que je vais bientôt gagner. Et surtout, je prends un ton décidé et volontaire.
J'ai donc pris sur moi et ai rappelé cette même agence pour une 2e annonce qui me semblait intéressante ; le type au bout du fil, que j'ai reconnu immédiatement, ne m'a pas reconnu, lui, et ne m'a pas particulièrement posé de questions, cette fois, car visiblement le "bien" (j'adore le jargon marketo-immobilier ; "prestations exceptionnelles !" ; "à voir d'urgence !") n'était pas encore disponible pour des visites. Il m'a cependant précisé qu'il était dans la même résidence qu'un autre appartement qu'il ne me proposait pas car il avait déjà 3 visites dessus (je vous laisse deviner lequel... bingo !). CQFD. Celui-là, il va vraiment falloir que je voie une annonce qui m'intéresse grave pour que je le rappelle. Si on m'avait dit qu'un jour je serais blacklistée par un agent immobilier !
Je continue par une demande de rdv, via le net, cette fois. Et là, le choc des photos sera mieux que le poids des mots :
Ça commence bien. Dans un formulaire, le ton décidé passe beaucoup moins, tout à coup. Je continue ; les concepteurs de ce site ont trop un don pour créer un suspense insoutenable avec un affichage progressif des rubriques du formulaire. Ils retranscrivent même le ton condescendant du type au bout du fil avec ce genre de précision :
Je vous fais un gros plan au cas où vous n'auriez pas repéré le truc :
Ouaip. Heureusement, j'en ai, des garants (je vous épargne la minute Nutella sur ceux à qui je dois tout ce que je suis devenue, et presque tout ce qui m'est arrivé de bien depuis ma naissance, et qui m'apportent un soutient si précieux encore aujourd'hui ; oups, ah non, trop tard ! ;). J'ai de la chance, parce que visiblement, refaire sa vie, ce n'est pas offert à tout le monde (et puis même, là, je me dis que c'est pas encore fait).
Ne vous méprenez pas sur le ton doux-amer de ce billet ; s'il y a des hauts et des bas, y'a pas débat : j'ai la gnaque, et je vais (super) bien. Love is the drug, darling.