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Le blog de Chonchon
28 avril 2010

Le Parfum

Il y a des matins où il grogne, me repousse du coude et s'affale sur la canapé en grommelant "dessin animéééé..."
Et d'autres où il monte sur mes genoux, et se blottit contre moi. Ce matin, le nez dans ses cheveux, essayant de fixer dans ma mémoire ce moment fugace, un passage du Parfum, de Patrick Süskind, m'est revenu :

"La nourrice hésitait. Elle savait bien quelle odeur avaient les nourrissons, elle le savait parfaitement bien, ce n'est pas pour rien que par douzaines elle en avait nourri, soigné, bercé, embrassé... Elle était capable, la nuit, de les trouver rien qu'à l'odeur et, à l'instant même, elle avait très précisément cette odeur de nourrisson dans le nez. Mais jamais encore elle ne l'avait désignée par des mots.
- Eh bien ? aboyait Terrier en faisant claquer le bout de ses ongles.
- C'est que, n'est ce pas, commença la nourrice, ce n'est pas très facile à dire, parce que... ils ne sentent pas partout pareil, quoiqu'ils sentent bon partout, mon Père, vous comprenez... Prenez leurs pieds, par exemple, eh bien, là ils sentent comme un caillou lisse et chaud; ou bien non, plutôt comme du fromage blanc... ou comme du beurre, comme du beurre frais, oui, c'est ça : ils sentent le beurre frais. Et le reste du corps sent comme... comme une galette qu'on a laissé tremper dans le lait. Et la tête, là, l'arrière de la tête, où les cheveux font un rond, là,  regardez, mon Père, là où vous n'avez plus  rien...

Et comme Terrier, médusé par ce flot de sottises minutieusement détaillées, avait docilement incliné la tête, elle tapotait sa calvitie.
-... c'est là, très précisément qu'ils sentent le plus bon. Là, ils sentent le caramel, cela sent si bon, c'est une odeur si merveilleuse, mon Père, vous n'avez pas idée ! Quand on les a sentis à cet endroit là, on les aime, que ce soient les siens ou les enfants des autres. Et c'est comme ça et pas autrement, que doivent sentir les petits enfants."

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Commentaires
C
@ les piles : merci, honte à moi !
L
Euh, "Le Parfum", il a un traducteur, hein ! Et du genre doué, en plus ! Bernard Lortholary, qu'il s'appelle...
C
@ Tonton : mmh... pour le caramel je ne suis plus bien sûre que l'odeur soit aussi sucrée, mais pour le reste c'est assez juste, oui.
T
Et donc c'est vrai ? Ils sentent comme ça ?
8
C'est avec plein de petits bonheurs comme ça que se construit "le bonheur"
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